Stage

Résonner avant de raisonner

 

Chantiers nomades- remparts 2022

Organisé par Les Chantiers Nomades

Partenaires : Maison Jacques Copeau

Du  19 au 30 septembre 2022

70 h / 10 jours

Chantier ouvert à 12 artistes interprètes professionnel-les

Stage animé par

  • Marie Payen |comédienne, metteur en scène
  • Leila Adham |Maîtresse de conférences en études théâtrales à l’université de Poitiers

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Jouer, voir, écrire (tout en même temps)

L’improvisation, pour moi, c’est l’art d’écouter. C’est ne jamais cesser d’écouter ni d’observer, ni même de penser en jouant. Improviser, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, est une sorte d’action « en creux ».
Ce qui guide une improvisation, c’est tout un monde de relations entre soi, les autres, des images, des sensations, et aussi des pensées, qui proviennent de notre état d’ouverture, ici et maintenant.

Penser-Parler-Bouger depuis ce monde-là.

Je travaille l’improvisation dans le jeu depuis longtemps, bien avant de me laisser emmener vers l’écriture improvisée.
On peut déjà être en état d’improvisation très profond et subtil tout en jouant un texte écrit. L’acteur.rice est créateur.rice de son interprétation, comme un.e peintre, ou même un.e auteur.rice. L’interprétation est déjà une écriture.
Tout le travail est de « ne pas nuire ». Ne pas faire quelque chose qui pourrait bloquer l’intuition singulière de chaque jour.
Et puis, voulant écrire mon premier solo, jEbRûLE, j’ai fait pas mal d’improvisations sous les yeux de Leila, pensant en tirer un texte final, et par une suite d’événements de travail, à force de dépôts, de plis et d’effeuillages, nous avons compris que le dispositif d’écriture que nous avions posé là était plus libre que nous. Que le théâtre permettait des engendrements quotidiens, des régénérations quasi perpétuelles dans l’écriture même du texte.
Il fallait seulement identifier les appuis, repérer les motifs, laisser s’enrichir notre sujet par le langage improvisé, le plus longtemps possible, et accepter de ne pas tout contrôler.

C’est ce travail que je voudrais tenter de transmettre. Par des exercices ou des jeux physiques, vocaux, et par le travail d’écoute et de relation à soi et aux autres, à travers un texte ou sans texte, parvenir à identifier ses appuis, à reconnaître des chemins, à atteindre un état propice à la « grâce » d’improviser.
Je propose d’accompagner chacune et chacun dans sa propre démarche, vers ses propres motifs, ses propres langue, grammaire, imaginaire…

Chaque participant.e devra venir avec quelque chose à accomplir. Ce peut être un texte à interpréter, ou un désir d’écriture. Et de mon côté je choisirai un texte à travailler à plusieurs, et le transmettrai à toutes et tous en amont.
Bienvenue !

Marie Payen

Où commence le théâtre ?

S’il y avait théâtre dès lors que l’on est en présence d’un corps qui joue, et d’un corps qui regarde ? C’est l’hypothèse que nous avons faite Marie et moi, et qui nous a conduite à proposer des spectacles aux équipes minuscules : sans auteur, sans metteur en scène, sans équipe ni plateau techniques.

Regarder l’acteur qui joue, c’est tout ce que je sais faire. Et c’est tout ce qui me passionne. Observer ce qu’il fait des mots, ce qu’il en fait en engageant dans le dire son corps tout entier. En s’engageant sur scène comme d’autres s’engagent dans les ordres ou dans l’armée. Regarder comment « penser-parler-bouger » est en vérité un combat pour la liberté. Et une bataille sans fin.

Regarder et recevoir. En admettant que ce qui est reçu déborde des cadres du théâtre et modifie la vie. Il est des mots que l’on n’entend plus jamais sans qu’ils ne nous ramènent, avec une certaine mélancolie, vers la bouche des acteurs qui les ont prononcés. Le théâtre n’est pas seulement du théâtre n’est-ce pas ? Et l’acteur n’est pas seulement interprète. Créateur, bâtisseur, accoucheur et accouché, il refait le monde sous nos yeux « et entre en concurrence avec Dieu ». (Romeo Castellucci). Refaisons le monde : voilà le programme.

Leila Adham

En partenariat avec la Maison Jacques Copeau

Marie Payen,

Comédienne

Elle a entre autres travaillé au cinéma avec Jacques Maillot, François Dupeyron, Solveig Anspach, Frédéric Videau, Laurence Ferreira Barbosa, et au théâtre avec la compagnie Sentimental Bourreau, Michel Deutsch, Jean-François Peyret, Pierre Maillet et le Théâtre des Lucioles, Jean-Baptiste Sastre, Zakariya Gouram, Jacques Rebotier, Laetitia Guédon, Chantal Morel, Frédéric Fisbach au théâtre. Avec sa compagnie UN+UN+, elle a créé des spectacles théâtraux (La Cage aux Blondes, en 2005 au Théâtre National de Chaillot…), et des formes musicales (Le Loup dans ma bouche, spectacle chanté au Théâtre National de Chaillot, le Cabinet Payen, chansons tout près des gens dans les toilettes des hommes du Théâtre du Rond-Point). En janvier 2014, elle crée jEbRûLE (solo improvisé) au Théâtre de Vanves, puis à Rouen, à Avignon, au Théâtre-studio d’Alfortville, à La Loge à Paris, et aux CDN de Dijon et de Besançon. En mars 2018, elle a créé son deuxième solo, Perdre le Nord, spectacle inspiré de ses rencontres avec des personnes en exil. Celui-ci s’est créé à Rouen, joué en tournée et au Théâtre du Rond-Point. Sa dernière création a eu lieu en 2019 aux “Vive le sujet » du Festival d’Avignon, et s’intitulait Ils se jettent dans des endroits où l’on ne peut les trouver. Elle était en duo avec Mahdi-Georges Lahlou.

Leila Adham,

Maîtresse de conférences en études théâtrales à l’université de Poitiers

Elle est l’autrice d’une thèse sur la mise en scène contemporaine de Shakespeare en Europe, et de plusieurs articles consacrés à des metteurs en scène tels que Romeo Castellucci ou Thomas Ostermeïer. Depuis 2014, elle travaille avec Marion Chenetier-Alev à l’écriture d’un livre sur le jeu de l’acteur.

Au théâtre elle accompagne plusieurs artistes, notamment Arthur Nauzyciel pour la création de La Mouette de Tchekhov au Palais des Papes, et pour Jan Karski de Yannick Haenel à l’Opéra Théâtre d’Avignon (comme conseillère littéraire).
En 2000, elle assiste Zakariya Gouram dans sa mise en scène de Médée de Sénèque et rencontre Marie Payen. Elle la retrouve plus de dix ans plus tard pour la création de jEbRûLE en 2014. Exploration infinie de la langue et de l’écriture, notamment en situation d’improvisation, jEbRûLE est la première étape d’un travail qui les réunit à nouveau en 2018 pour la création de Perdre le Nord, puis au Festival d’Avignon en 2019, avec Ils se jettent dans des endroits où on ne peut les trouver.
Depuis deux ans elle accompagne aussi Cyril Teste en tant que dramaturge.