Résidence

Compagnie  VOIX-OFF

Résidence – Passage de l’ange – Création octobre 2019
du 23 au 28 septembre 2019 – au Théâtre de Beaune et à la Maison Jacques Copeau


Un spectacle en 2 versions pour les grands et les petits de Damien Bouvet et Ivan Grinberg

“PASSAGE DE L’ANGE” Création 2019 Tout Public et “L’ANGE PAS SAGE” Création 2020 Jeune Public

Passage de l’Ange :

Atterrissage forcé ! Un bruit strident, suivi d’un grand fracas, lumière et poussières…

L’ange apparait face contre terre, fesses en l’air, dans un manteau vert-scarabée, chapeau haut de forme défraichi, vissé de travers sur la tête, visage blafard, grossièrement maquillé, mâchuré.

On découvre une chose assez vite, c’est que l’ange n’est pas d’ici et qu’il n’est pas forcément outillé. À la place des bras, il a des ailes-nageoires, donc pas de mains et il mange directement dans la gamelle, se débarbouille dans le seau et s’essuie dans les rideaux. N’ayant pas de bras, l’ange est une bouche juchée sur un gros ventre à deux pattes et ces pattes projettent en avant cette bouche, en quelque sorte obligée de « dire », de « dégoiser ».

Des chaussures pointues dépassent de temps en temps du bas de sa cape, ce sont des bottines bizarrement longues avec lesquelles il fera un numéro de claquettes (une façon de s’épousseter, ou une tentative de s’envoler, ce n’est pas très clair). Sous sa cape de dandy, sa peau est à l’air libre : poilue, écailleuse, et douce sur son ventre.

S’il a un sexe, on ne distingue pas le genre, il y a trop de poils à cet endroit.

S’il a une langue, elle n’est pas de celles que l’on comprend ici. Il va falloir s’adapter.

L’ange habillé de noir irisé prend contact avec l’auditoire, scrute, tend l’oreille et fait le spectacle, le beau, l’élégant. On va finir par le comprendre, cet ange est un messager. Il vient pour l’Annonce. Il ne sait plus très bien de quoi, ce qui lui revient c’est que ça va aller… « Ça va aller ». Alors gonflé d’images et de mots, il va joyeusement rendre gorge.

Les questions, les mots, la poésie, le chant sortent de sa bouche mais il est aussi artiste peintre à ses heures et quand il est bien disposé à créer, il tourne le dos à son auditoire, par pudeur ferme les yeux, et la tête dans les épaules, il compose, à l’aide de sa fiente à même le sol : un paysage céleste (souvenir organique, sans doute, des espaces traversés lors de sa chute vertigineuse…).

L’ange n’est pas d’ici. Il va falloir rentrer, mais avec ce fracas, il y a eu de la casse. Alors au travail ! Peut-être que l’ange changera d’ailes au cours de son récit et les changements successifs modifieront les postures de son corps, la couleur de sa voix et même son phrasé.