Portraits

de Renaud Diligent et Maya Boquet

« La pièce francophone Dimanche Napalm sera crée pour la  première fois en France, en novembre 2019 ».

Renaud Diligent prépare le terrain de sa prochaine mise en scène de Dimanche Napalm, une œuvre québécoise qui donnera lieu à une suite de résidences à la maison Copeau, dont une préparatoire, en novembre dernier, avec Maya Boquet.


Renaud, te voici de retour à Pernand-Vergelesses pour une prochaine création, Dimanche Napalm ?

Renaud Diligent : Je connais bien la Maison avec laquelle la compagnie Ces Messieurs Sérieux dont je suis le metteur en scène est associée. Nous sommes, entre autres, venus travailler La ballade du tueur de conifères en deux sessions de travail. Cette fois, nous revenons avec Dimanche Napalm dont la création est prévue en novembre 2019. C’est un drame de Sébastien David (*), auteur québécois qui a reçu le prix du Gouverneur Général du Canada pour la Meilleure pièce dramatique francophone 2017. Ce sera une première en France. Ces trois jours passés à la maison donnent lieu à une recherche dramaturgique sur le texte. C’est un travail sur table que je mène avec Maya Boquet.

Maya, quel est ton rôle dans l’élaboration de cette création ?

Maya Boquet : J’interviens en tant que dramaturge, une de mes fonctions que je partage avec d’autres metteurs en scène comme dramaturge ou co-auteur, en plus d’une activité plus personnelle d’écriture radiophonique. Avant tout travail avec les comédiens, nous passons en revue toutes les possibilités de lectures dramaturgiques. Une sorte de travail d’enquête, de défrichage du texte de Sébastien David.

Comment se passe ce travail ?

RD : Dans une idée de dialogue, nous développons nos points de vue où nous ne sommes pas toujours d’accord. C’est un travail sur le texte et le contexte: nous visionnons des vidéos sur l’histoire du Québec car la pièce se passe juste après les grandes grèves étudiantes de 2012. Il y a donc une partie de défrichement du texte et une enquête, comme le dit Maya, sur le contexte politique, historique et social de cette période-là. À l’aide d’autres auteurs québécois aussi, ne serait-ce que pour saisir la particularité de la langue aux formes grammaticales, rythmiques et poétiques différentes du français.

La maison se prête-t-elle à ce genre de travail à deux sur table ?

MB : S’il y a des fantômes, ils sont sympas! (rire). Un de nos outils, c’est Internet: il est là. Comme il n’y a pas de sollicitations extérieures, autour de cette grande table nous sommes restés quasiment en permanence, particulièrement concentrés. Même si nous sommes allés marcher un peu, jusqu’au cimetière pour visiter la tombe de monsieur Copeau… J’ai exploré « dramaturgiquement » cette maison que je ne connaissais pas, autant pour Dimanche Napalm que pour comprendre où est-ce que j’étais, savoir qui était passé par là.

Quels autres rendez-vous avec Dimanche Napalm ?

RD : Le spectacle se jouera au théâtre de Beaune, en 2019, précédé d’autres résidences à la maison dont une session de 15 jours avec les comédiens. Cette préparation est aussi accompagnée d’un projet d’éducation artistique. Pour cette pièce, j’avais envie de prendre le temps, et la maison s’y prête, chargée de livres, d’histoires. Vraiment une maison de théâtre et de famille comme Dimanche Napalm qui traite aussi d’une histoire de famille.

Propos recueillis par Éric Perruchot

* L’auteur, Sébastien David, est issu de l’École Nationale de Théâtre du Canada à Montréal, fondée en 1960 par Michel-Saint-Denis, membre des Copiaus et neveu de Copeau. EN SAVOIR +