Stage

« Juger sur pièces (bis) »

Organisé par Les Chantiers Nomades
Partenaires : Maison Jacques Copeau / Pernand-Vergelesses / Région Bourgogne-Franche-Comté

Du 5 au 16 décembre 2016
2 semaines / 70 h / 2 x 5 jours

Chantier ouvert à 15 artistes interprètes professionnel-les

Animé par

  • Jacques Bonnaffé | comédien et metteur en scène

Juger sur pièces (bis)

stage de comédiens – notre objectif reste campé sur tous ces dramaturges, auteurs de pièces parcourues hâtivement par nos bandes d’acteurs énervés
pièces écrites aujourd’hui, une sorte d’actualité de l’écriture dramatique échappant au désir d’adaptation littéraire qui tend à s’installer dans tous les festivals et programmes.

D’abord nous nous retrouvons autour d’un paquet de pièces imposant. A lire, à expérimenter très vite. Mais sur place. On s’invente un mode de recherche, souple, en distribution changeante ou on procède à un travail préparatoire par petits groupes. On peut alors s’accorder deux jours pour établir un premier état, de manière à le présenter aux autres camarades, ouvrir les discussions. C’est la seule manière de découvrir des pièces, ça marche comme chez le marchand de chaussures, on ne repart pas sans avoir essayé. Lire chez soi une pièce nouvelle est un exercice assez déprimant. S’amuser à la passer de l’un à l’autre est l’objet même de l’écriture dramatique, où tous les degrés d’expérience sont admis. Ce premier geste relève du chantier de taille, les scories les débris et la sculpture à venir restent associés, toujours visibles. Et puis, on devient très savants. On lit plein de pièces nouvelles. On parle des tendances nouvelles entre spécialistes frais-moulus, experts en herbe et faux diplômés. En fin de semaine, on expose ça, avec ou sans visiteurs.

Les écritures de théâtre nous semblent de plus en plus désireuses d’une lecture partagée et d’un usage à bras le corps. Impatientes d’une expérimentation rapide. Quitte à en rester au stade d’esquisses scéniques, elles veulent au moins se faire entendre, les pièces ! Leurs auteurs se crèvent à surprendre, se mettent au diapason du monde, fouillant les modes de construction ou s’adaptant aux jeux de l’hyper communication, alors qu’ils peuvent passer des années avant d’espérer. De ce côté de la création, la mission publique du théâtre semble en veilleuse, la mise en scène des classiques, plus ou moins récents, est devenue l’activité rentable. Nous devons agir ou faire du bruit, effrayer l’institution comme toujours en France. Envahir et monter.

La proposition du chantier serait de constituer une bande entreprenante, afin de s’essayer sur plusieurs pièces nouvelles. Des bonnes, des très bonnes et d’autres moins, s’obliger à ouvrir. Repérer les thématiques. S’informer ainsi des formes de l’écriture actuelle ici et ailleurs. Inventer ensemble les modes de présentation rapide, relever les techniques et les écarts possibles. S’attacher au jeu, la langue où se trouve notre registre de comédien, lire à plat ne suffit pas. L’atelier s’en tient aux pièces écrites, aux pièces de théâtre.

Il y a une envie turbulente au projet. Elle consiste à réclamer une place effective dans l’institution. Le chantier devra se donner pour objectif de rêver des formules d’invasion, de les rédiger, d’imaginer des propositions publiques adéquates, en s’exonérant des formules mixtes. Il doit parler économie aussi, et s’imposer des rencontres avec ceux qui connaissent ces questions, et ceux qui décident. Au sortir, établir ensemble une charte de la création rapide.

Jacques Bonnaffé

Le stage en images