Portrait

Cyril Teste en compagnie des vignerons de Pernand partenaires de la création de Festen. – Copyright Collectif MXM

de Cyril Teste

«La maison Copeau,
un endroit pour révéler plutôt que fabriquer.»

En résidence de création à la maison Copeau du 7 au 14 juillet dernier, Cyril Teste et le collectif MxM ont ébauché leur nouveau projet, Opening night, librement adapté du film de John Cassavetes. Tout comme ils avaient élaboré Festen à la maison Copeau, actuellement en tournée nationale.


C’est la quatrième fois que tu viens à Pernand-Vergelesses ?

Cyril Teste : La toute première fois, c’était effectivement avec mon équipe technique de MxM pour préparer la maquette de Festen. Puis avec les acteurs, pour deux semaines de résidence, une partie consacrée à l’écriture, l’autre de laboratoire, consistant à créer une nouvelle méthodologie d’écriture filmique.

En quoi Pernand est devenu ce lieu de rendez-vous familier dans ton travail ?

CT : Je ne peux pas dissocier mon travail d’élaboration de l’environnement dans lequel il se fait. Ici, dans ce village qui vit en toute quiétude entre forêts, vignes… On s’attache à sa temporalité, aux gens qui y habitent. La maison Copeau est un lieu où le temps s’arrête. Dans l’élaboration d’un projet, j’ai besoin d’un tel temps de maturation. La maison est en cela très précieuse, comme un atelier de peintre, un de ces bastions d’écriture qui permet aux artistes de se poser, un endroit pour révéler plutôt que fabriquer. En culture agricole, il faut laisser du temps à la terre pour la laisser respirer, pour ne pas systématiquement produire, produire, produire… Je crois qu’ici c’est l’espace pour cela, « aérer la terre ». Je viens ici pour semer.

Quel projet élabores-tu à nouveau ici ?

CT : Durant ces premières semaines de juillet, je suis vraiment en villégiature pour écrire Opening night, une libre adaptation du film de John Cassavetes. La question est toujours la même : quelle plus-value peut-on apporter au cinéma en venant du théâtre ? Et comment, avec une troupe, investir le cinéma ?

D’où ce choix de comédiens issus du conservatoire de Montpellier ?

CT : L’équipe m’a déjà accompagné sur Nobody, avec qui j’avais déjà travaillé sur la performance filmique (*). Je les retrouve à Pernand sur ce projet où on ne situe pas dans un temps de production, mais d’élaboration.

En résonance avec le village ?

CT : Ce serait magnifique d’écrire en fonction d’un lieu, et pourquoi pas ne pas imaginer une fiction à Pernand. Que Pernand soit la Muse, à proprement parler. On reviendra l’année prochaine !

Mais d’ici là ?

CT : Hamlet d’après Shakespeare à l’Opéra Comique en décembre prochain et Opening night qui sera créée l’année prochaine, à Namur, en compagnie d’Isabelle Adjani. Avant une tournée nationale et même au-delà.

* La «performance filmique» est au cœur de la démarche artistique du collectif MXM qui la définit comme « une forme théâtrale, performatrice et cinématographique (…) tournée, montée et réalisée en temps réel sous les yeux du public. » EN SAVOIR +

Propos recueillis par Éric Perruchot